J’ai dû aller déposer la prolongation de mon arrêt maladie aujourd’hui.
Ça, et les dossiers de préparation de ma tournée de recensement que de fait je transfère à une collègue.
Avant de partir j’ai tout préparé. J’ai enfilé les baskets de mon fils et un pull-doudou. Je me sentais bien. Prête. Et pas tendue. Juste des papiers à déposer. Juste. Des. Papiers.
Le boulot il est au bout de la rue. 7ans que je fais ce même trajet à pieds. Tous les matins. Du lundi au samedi. Parfois même le dimanche aussi. Le même côté du trottoir, les mêmes passages piétons. Des fois je change un peu. Mais le rythme est toujours le même.
En posant la main ce matin sur la porte d’entrée pour sortir de mon immeuble, et poser le pied dans la rue, j’ai tremblé.
Je pouvais pas.
Reprendre ce chemin. 5 minutes de marche à pieds. C’était rien. Mais c’était encore et encore et ENCORE ce même chemin.
J’ai relâché la porte.
J’ai regardé au fond de mon sac.
J’ai snobé la boîte de Xanax.
Et j’ai sorti les clés de mon vélo.
Le chemin est devenu léger et différent.
...
Et puis, je suis repartie. Débarrassée des papiers, exprimé un peu de ma culpabilité tout en disant l’importance que ce temps avait pour MOI, et que d’ici là, il leur appartenait enfin de le gérer sans moi.
J’ai erré au Biocoop, emmenant une partie de mes amours avec moi. J’ai bientôt plus de café. Et j’ai JAMAIS acheté de café.
Il me suffisait de racheter la même petite boîte grise que maman s’était achetée il y a des mois de ça, pour qu’il y ait toujours un peu de café pour elle dans mon chez moi. Sauf que depuis quelques autres mois, c’est moi qui la vide doucement et nouvellement cette petite boîte là. C’était pas plus compliqué que ça, mémoriser la petite boîte et la retrouver dans le supermarché.
Seulement voilà, le dernier week-end dans les bras de l’amoureux Caracal, des ptits mots tous simples, remplis de gourmandise... « au biocoop t’as vu tu peux sélectionner ton café et le moudre direct 🤩... »
J’ai tourné en rond quelques minutes, pioché du chocolat histoire de pas être venue pour rien. J’ai regardé du coin de l’œil la machine et les dizaines de cafés en grain (y’en a que 5 ou 6... mais ça me paraissait déjà beaucoup trop... du choix, TROP de choix. Je ne supporte pas l’idée de devoir faire un choix )
J’ai ouvert les tiroirs.
Humé les grains.
J’ai étudié les particularités de chacun.
J’ai fait un choix.
Puis j’ai suivi les indications de la machine.
Je me sentais épiée.
Je l’étais.
J’ai plongé la main au fond de mon sac.
J’ai touché la boîte de Xanax.
Et puis j’ai souri au mec du magasin.
Qui était là pour m’aider si jamais je comprenais pas bien comment fonctionnait le machin.
Et aussi à la nana à côté de moi.
Qui entravait pas plus que moi comment fonctionnait le biniou.
J’ai pris mon temps.
J’ai rempli comme je pouvais la machine. Comme si l’amoureux était là avec moi. Comme si j’étais pas seule et comme je l’aurais fait, accompagnée de quelqu’un en qui j’aurais assez confiance pour lui dire « je me sens cruche je sais pas faire :/»
J’ai pas tremblé.
Je me suis souris à moi même.
Et j’ai ramené du café moulu tout frais bio à la maison dans le petit panier de mon vélo.